Maîtres de l’art moderne L’art « dégénéré » au Musée des Beaux-Arts de Berne
L’exposition Maîtres de l’art moderne. L’art « dégénéré » au Musée des Beaux-Arts de Berne traite pour la première fois de l’histoire des collections du Kunstmuseum Bern. Les chefs-d’oeuvre exposés, de Pablo Picasso à August Macke, y sont examinés sous l’angle de leur origine, une origine qui ramène à une page sombre de l’histoire. On peut ainsi y voir des oeuvres dites « dégénérées » qui furent retirées des musées allemands par les autorités nationales-socialistes. L’exposition est à l’image des recherches menées par le Kunstmuseum Bern sur la provenance de ses oeuvres, une question mise en lumière ici à l’aune de sa complexité.
Le Kunstmuseum Bern dispose d’une remarquable collection d’oeuvres d’art moderne classique. Seules quelques-unes de ces oeuvres ont été acquises avec les fonds propres du musée. La plupart d’entre elles y sont entrées par la voie de la donation, du legs ou du dépôt à long terme, en particulier pour les patrimoines de fondations. Il appartient au Kunstmuseum Bern, comme à toutes les collections publiques, de mener des recherches sur l’histoire de sa collection et d’en rendre compte publiquement. La mise en oeuvre d’un tel programme se faisait d’autant plus pressante que le Kunstmuseum Bern avait été désigné légataire de Cornelius Gurlitt.
L’exposition se propose de montrer comment s’est constituée la collection de maîtres de l’art moderne, exceptionnelle sur le plan international, du Kunstmuseum Bern. Et par quelles voies y sont entrées des oeuvres dénigrées par la dictature nationale-socialiste et qualifiées dans le Reich allemand de « dégénérées », et qui furent en partie vendues et pour le reste détruites. Cet examen de la collection est également l’occasion d’interroger les circonstances qui ont finalement conduit à des pertes patrimoniales considérables aussi bien pour les musées allemands que pour les collectionneurs privés.
Contexte
Le Reich allemand promulgua en 1938 une « loi relative à la confiscation des productions d’art dégénéré », loi qui légitimait après coup les saisies d’oeuvres d’art auxquelles le régime procédait déjà sans scrupule dans les musées allemands depuis 1937. Des oeuvres répertoriées comme « dégénérées » furent confisquées aux musées par dizaines de milliers et furent, soit mises en vente, dans le but d’en tirer un profit maximal, soit détruites. Il s’agissait d’oeuvres d’artistes juifs ou d’oeuvres soumises, pour reprendre les termes des nationaux-socialistes, à des influences « juives » ou « bolchéviques ». Ce qui était dénigré et mis à l’écart par le Reich allemand sous l’appellation d’art « dégénéré » fut magnifié et commercialisé en Suisse comme des « oeuvres de maîtres de l’art moderne ». L’exposition tire son titre d’une vente aux enchères d’importance historique, et aujourd’hui bien connue grâce à la recherche, qui se tint à Lucerne, en juin 1939, à la Galerie Fischer : Gemälde und Plastiken moderner Meister aus deutschen Museen (Peintures et sculptures de maîtres de l’art moderne provenant des musées allemands).
Communiqué de presse
Maîtres de l’art moderne.
L’art « dégénéré » au Musée des Beaux-
Arts de Berne
07.04.2016 – 21.08.2016
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Exposition
L’exposition se concentre sur des oeuvres considérées comme « dégénérées » dans le Reich allemand et entrées au Kunstmuseum Bern après 1933, parmi lesquelles des oeuvres de Franz Marc, Ernst Barlach, August Macke et bien d’autres artistes illustres. Les 70 oeuvres présentées comptent une sélection de 53 peintures, travaux sur papier et sculptures de maîtres de l’art moderne de la collection du musée – rangées dans l’ordre chronologique de leur entrée dans la collection. Sept d’entre elles appartenaient à des musées allemands jusqu’en 1937.
L’exposition est organisée en sections thématiques qui cherchent notamment à répondre à des questions telles que : A quoi devait ressembler l’art « dégénéré » ? Quelle fut la politique de la Suisse en matière culturelle face à la menace de l’Allemagne ? Comment des oeuvres d’art provenant de musées allemands furent-elles vendues en Suisse ? Quelques sections sont dédiées à des artistes qui eurent à souffrir de la dictature en Allemagne et dont le parcours biographique témoigne de liens particuliers avec la Suisse, ainsi Ernst Ludwig Kirchner, Paul Klee et Otto Dix.
Issu d’un vaste programme de recherche, le catalogue publié à l’occasion de l’exposition documente 525 oeuvres de la collection selon l’état actuel de nos connaissances sur leur provenance. L’avancement des recherches indique néanmoins clairement qu’il reste beaucoup à faire pour pouvoir retracer le cheminement de l’ensemble des oeuvres depuis l’atelier de l’artiste jusqu’au musée. L’exposition comme le catalogue Maîtres de l’art moderne. L’art « dégénéré » au Musée des Beaux-Arts de Berne ne représente donc que le prélude des immenses recherches qui restent à accomplir sur la provenance des oeuvres du Kunstmuseum Bern.
Commissaire : Dr. Daniel Spanke
Contact :
Maria-Teresa Cano, Directrice communication et médiation de l'art, , T +41 31 359 01 89
