« Anna Blume et moi ». Dessins de Kurt Schwitters, 23.09. 2011 - 08.01.2012
Le dessin en tant que champ expérimental
Kurt Schwitters (1887-1948) est l’un des artistes les plus importants du XXe siècle. Schwitters a révolutionné le collage avec ses « Merz-Bilder », des tableaux qu’il créait à partir de coupures de journaux, réclames, tissu, métal et même rebuts. Il passe en outre pour être un précurseur de l’art contemporain des installations. Avec quelques 100 dessins de l’artiste, l’exposition montre également que Schwitters innova dans le dessin.
Ses collages issus des matériaux les plus divers et ses installations font de Kurt Schwitters un artiste bien connu. Avec Ausgerenkte Kräfte (Forces disloquées, 1920), le Musée des beaux-arts de Berne possède une œuvre significative de l’art « Merz » de Schwitters. En 1961, Max Huggler, l’ancien directeur, dut se priver pour payer de sa poche l’acquisition de cette œuvre du fait que le trésorier s’était opposé à cet achat par le musée. Il l’offrit ensuite au musée. Ce tableau représente aujourd’hui l’une des principales œuvres de la collection.
Une diversité surprenante
Avec quelques 100 dessins sélectionnés, provenant tant de la succession
de l’artiste que de collections privées, l’exposition offre pour la
première fois une vue d’ensemble de l’œuvre dessiné de Schwitters. Du
fait que les dessins figuratifs n’ont apparemment rien à voir avec l’art « Merz », on ne leur accorda pendant longtemps que peu de
considération.
Le style de Schwitters dans son œuvre dessiné est marqué par diverses
orientations qui vont du dadaïsme au réalisme, en passant par le
constructivisme, jusqu’à des accents surréalistes.
Cette surprenante diversité témoigne tant de l’adoption de tournants
artistiques décisifs que de développements stylistiques. Ainsi, on voit
Schwitters emprunter vers 1918 le chemin de l’abstraction et
expérimenter avec le langage architectural constructiviste.
En 1937, Schwitters, en séjour en Norvège, ne rentra pas en Allemagne.
Les nazis le qualifièrent d’artiste dégénéré, saisirent ses œuvres et
les diffamèrent. Lorsqu’en 1940, les troupes allemandes envahirent la
Norvège, Schwitters s’enfuit en Ecosse. En tant qu’étranger, il fut
interné là-bas dans divers camps. Schwitters put s’installer un atelier
au Hutchinson Camp dans l’île de Man où il dessina ses camarades de
détention; ces dessins sont aujourd’hui considérés comme le point
culminant de son art du portrait.
L’intimité de Schwitters avec la nature, sa proximité, sont
particulièrement visibles dans ses dessins. Impressionné par les
panoramas de montagne en Norvège et en Angleterre, Schwitters se mit à
dessiner des paysages. Parmi ces dessins, on trouve aussi bien des
croquis proches de l’abstraction que des représentations réalistes.
L’exposition montre que le dessin ne représentait pas seulement pour
Schwitters un exercice de dextérité mais constitua, sa vie durant, tant
une importante source d’inspiration qu’un champ d’expérimentation; il
utilisa le dessin pour l’étude de la nature et comme moyen de développer un langage architectural propre.
Une inspirante Anna Blume
Schwitters mélangea
constamment les genres traditionnels de la peinture, du dessin, de la
gravure, de la poésie lyrique et de l'écriture. Le titre de l’exposition « Anna Blume und ich » (Anna Blume et moi) ne se réfère pas seulement
au poème d’amour dadaïste écrit par Schwitters à son amie imaginaire
mais également à une aquarelle éponyme et présentée dans l’exposition.
L’Anna Blume de Schwitters a aussi inspiré sa chanson « A.N.N.A. » au
groupe de hip-hop Freundeskreis. Et, en tant que personnage de roman,
Anna Blume apparaît dans plusieurs œuvres de l’écrivain américain Paul
Auster.
L’exposition est réalisée en collaboration avec le Sprengel Museum de
Hanovre et la fondation Kurt und Ernst Schwitters de Hanovre qui
administre la succession artistique de Schwitters.