«... die Grenzen überfliegen». Hermann Hesse le peintre. 26.03. – 12.08.2012
Le double talent poétique et pictural de Hesse
Hesse lui-même ne se considérait pas tant comme écrivain ou peintre uniquement, mais comme artiste, et sa compréhension étendue de l’art abolissait les frontières tranchées entre les différentes formes de création. Comme écrivain, Hesse fut longtemps jugé de façon controversée, bien qu’il eût été distingué par le Prix Nobel de littérature en 1947. Comme peintre, il fut aussi longtemps ignoré de la critique.
Les années décisives à Berne
En 1912, il y a exactement cent ans, Hermann Hesse s’installa à Berne. C’est dans les lieux de la ville auxquels il fut étroitement lié, tels que l’Ougspurgergut de la Schosshalde, le Lohn de Kehrsatz et le château de Bremgarten, qu’il trouva à la fois inspiration et stimulation. Mais l’impact des années bernoises, qui s’étendirent de 1912 à 1919, ne se limita pas à la seule création littéraire. C’est aussi à cette époque, où Hesse achevait son roman d’artiste Rosshalde, que débuta sa carrière de peintre. Encore largement méconnue de nos jours, elle connut son plein épanouissement à Montagnola dans les années 1920 et 1930.
Entre une vie d’harmonie et des états d’angoisse obsessionnels
La peinture joua un rôle essentiel dans la vie et l’œuvre de Hesse. Il détestait tout ce qui était médiocre, normal, moyen. Il souffrit d’être écartelé entre une vie bourgeoise et la réalisation de soi en tant qu’artiste. La peinture incarnait pour lui un état existentiel fondé sur l’harmonie qui restait hors de portée dans sa vie réelle et dans celle de la plupart des personnages de son œuvre littéraire. Comme peintre, Hesse voyait le beau, et il le trouvait partout au Tessin. Ses aquarelles présentent de vastes vues sur des paysages de lacs, de collines, de vallées, de villages. L’exposition propose la première présentation publique d’envergure de ses dessins de rêves. Il s’agit d’une série de représentations très personnelles et intimes auxquelles Hesse fut incité par la psychanalyse et dans lesquelles il travaillait le matériau de ses rêves. Contrairement aux représentations idylliques de paysages, ces images sont empreintes de ses états d’angoisse obsessionnels et d’un érotisme sauvage.
Une vaste rétrospective
Parmi les 150 œuvres présentées à Berne, nombreuses sont celles qui sont pour la première fois rendues accessibles à un large public. L’accent a été mis sur les débuts de l’activité artistique de Hesse à Berne. De nombreux poèmes, lettres et manuscrits illustrés sont également présentés. L’exposition se propose principalement de mettre en lumière le langage visuel de Hesse, qui trouva lui-même son inspiration chez Louis Moilliet, Cuno Amiet et Albert Welti. Ce langage se caractérise par la distanciation vis-à-vis du sujet représenté, l’invention formelle, des couleurs très éloignées de la réalité, des styles très divers et des schémas de composition récurrents. Toutes les périodes de création, tous les thèmes, tous les genres et tous les styles auxquels Hesse s’est livré sont représentés dans l’exposition, et ce depuis ses tout premiers travaux : les premières études, les grandes aquarelles de paysages, les peintures, les dessins à la plume foisonnant de détails et les illustrations de textes littéraires.
Un programme culturel varié et un colloque international
L’exposition sera accompagnée d’un programme varié de manifestations : des lectures théâtrales, des concerts, une soirée de lieder et des promenades littéraires. Dans le cadre des festivités du 50e anniversaire de la mort de l’artiste, l’Université de Dusseldorf organise en coopération avec l’Université et le Musée des Beaux-Arts de Berne un colloque international où de nombreux spécialistes de Hesse de Suisse et d’ailleurs présenteront les résultats de leurs dernières recherches et rendront un hommage inédit aux talents conjugués d’écrivain et de peintre de Hermann Hesse. Le colloque se tiendra du 27 au 30 mars 2012 au Musée des Beaux-Arts de Berne. Il est public et l’entrée en est libre.