Comm. de Presse Je 20.03.06

«Visions du monde »

Cécile Wick Une atmosphère de réceptivité

Cécile Wick (*1954) est l’une des artistes les plus novatrices de la photographie suisse. L’exposition du Musée des Beaux-Arts de Berne montre un aspect peu connu de son œuvre: des travaux graphiques imprimés, réalisés ces dix dernières années – complétés par quelques nouveaux inkjetprints grand format. Les photographies de Cécile Wick impressionnent par leurs qualités picturales et poétiques.

Cécile Wick trouve les sujets de ses photos chez elle et en voyage – dans les Alpes, en Islande, en Amérique, et au Japon. Dans le choix de ses motifs, elle met l’accent sur le côté élémentaire de ce qu’elle voit : des villes et paysages, montagnes, rochers, rivières et mers, fleurs. Cécile Wick n’est cependant pas une chasseuse d’images – ce sont plutôt les images qui viennent à elle. Cela présuppose une aptitude à s’effacer : Cécile Wick parle à cet égard d’une « atmosphère de réceptivité ». Le titre de l’exposition, Visions du monde, se réfère à cette condition de base de la perception du monde de Cécile Wick, mais aussi à l’esthétique caractéristique de ses photos.

Recourant à des moyens techniques expérimentaux non conventionnels, Cécile Wick crée des photographies qui ont des qualités véritablement picturales. Elles sont le fruit d’une recherche qui l’a amenée aux procédés graphiques d’impression, en particulier à l’héliogravure et à l’inkjetprint – deux techniques qui permettent d’éviter le papier photo conventionnel et d’imprimer en lieu et place les photographies sur des papiers normaux.

L’exposition permet de voir dix-sept séries comprenant de deux à vingt-et-une œuvres. Les héliogravures constituent le plus grand groupe. Avec la collaboration de l’Atelier de Gravure de l’AJAC à Moutier, Cécile Wick a tiré parti de cette technique d’impression oubliée depuis longtemps dans de nombreux travaux expérimentaux. Ce procédé d’impression manuel permet à l’artiste de rendre les plus subtils dégradés de valeur des couleurs ; il se prête particulièrement bien pour réaliser les tirages des photos que Cécile Wick prenait autrefois souvent avec la camera obscura, aujourd’hui avec un simple appareil photographique digital. Les qualités picturales de ces photographies, le flou sur les bords des motifs et les subtiles transitions entre le noir, le gris et le blanc peuvent même être renforcés par cette technique d’impression. L’apparition, depuis 2005, de la couleur dans ces héliogravures confère aux sujets une beauté artificielle, comme hors du temps.